Mission commando à l’internat

11 Sep

Et oui, ces temps ci ma vie s’articule un peu beaucoup autour du boulot qui vient de reprendre. Faut dire en même temps qu’on a quelques cas, aussi bien au niveau des élèves que des AED. Après notre champion de la rentrée, voici nos missions commando.

Tout d’abord, il faut savoir, qu’il ne fait pas bon être fumeur pour être maitre d’internat. Ultime pause cigarette de 19h20 à 19h35… Merci de bien vouloir patienter jusqu’au lendemain matin 7h45 pour allumer votre prochaine clope.

Autant dire qu’assez rapidement, mes nerfs se contractent un à un, ma patience approche du zéro pour entamer dans la foulée une chute vertigineuse dans le négatif, mes mains se crispent sur mon paquet et mon briquet… Plus le temps passe, plus mon regard se noircit et je deviens explicitement inapte à être agréable. Au moins, personne ne m’approche et les questions à la con sont immédiatement réservées pour mes collègues, soit disant plus cool, plus ouverts, moins stressés, moins agressifs…

Ayant pris conscience de mon inaptitude à travailler dans de bonnes conditions, je me suis donc arrangée avec mes collègues nicotinophiles pour effectuer des sorties illégales pour relever notre taux dangereusement bas de nicotine. Pour cela nous avons mis en place plusieurs rituels : identification des fumeurs, ordre de passage, complément de surveillance en notre absence, etc. Et c’est ainsi, que passé 22h30, une fois les animaux parqués et endormis les maitres chiens entament un défilé d’addicts à la clope.

C’est lors de ce défilé que commença notre première mission commando. Faisant parti du dernier voyage, en pleins chuchotements avec ma collègue, nous sommes interrompues par un bruit inhabituel… A l’arrêt, on stoppe toute activité (y compris l’activité respiratoire) pour nous concentrer sur notre ouïe !

« Lilly ? T’as entendu ce bruit ?

– Hum… oui… On dirait bien une porte…

– T’es sûre ?

– Ben… ça y ressemble quand même beaucoup !

– On aurait dit une fenêtre… dans le dortoir des gars non ?

– Mouais… Je dirais plus une porte. Ils tentent de s’enfuir. Sortir en douce se rejoindre les uns les autres. Ils vont sûrement boire de l’alcool, fumer de la drogue pensant que ne les a pas vu, pas entendu ! »

Ma collègue me trouve un peu imaginative. Mais je finis par la convaincre qu’à 16ans, on est fourbe. L’animal n’attend qu’une chose, que nous soyons endormi pour en profiter. Ils organisent tout un tas de soirées illégales dans le règlement intérieur de l’établissement et certains textes de lois. Ce n’est pas parce que Jennifer est première de sa classe, douce, gentille et réservée que ce n’est pas la première à se défoncer à grand coup de rail de coc dans le naseau dès qu’on a rejoint Morphée ! Elle sembla plus convaincu par la lumière anormalement présente dans l’établissement à cette heure tardive que par mon discours mais soit, nous voilà parti en mission commando !

23h : On remonte dans nos chambres respectives. Je crée en 10 sec une check list spéciale mission commando :

pantalon noir : OK

haut noir : hum… j’ai que du blanc… ou du rouge… va pour le rouge ! OK

chaussures à semelle souple non bruyantes : je reste en chaussettes ! OK

crayon khôl pour faire des traits noirs sur nos joues : OK

lampe torche : OK

téléphone portable : OK

trousseau de Passepartout : OK

Je retrouve ma collègue qui refuse mes traits sur les joues et semble trouver ça étrange que, contrairement à elle, j’ai pris le temps d’enfiler une tenue adéquate pour notre expédition ! Interrompues dans notre léger désaccord pour une collègue que nous avions réveillées, je finis par réussir à les maquiller et nous prîmes donc la direction des couloirs !

Dortoirs deuxième étage, couloir inter-dortoir : RAS ! On emprunte la cage d’escalier pour descendre au premier étage… RAS. Dortoir du premier étage : RAS. Même s’il est impossible d’y accéder sans clé, on ouvre le foyer. Pas de lumière pas de bruits. Pourtant nous aurions juré que la lumière venait d’ici. Je ne me démonte pas, j’ouvre la terrasse, sur dessus… J’entends un nouveau bruit. Accroupie dans l’ombre, je cherche la source sonore et découvre une fenêtre ouverte dans le dortoir garçon, un filet de lumière s’échappe des bordures du rideau sensible à la légère brise et quelques éclats de voix me parviennent. Je ne distingue aucun mot.

Je cherche à présent en tentant de ne pas me faire repérer par les animaux mâles dans leur cage la source de lumière… Elle provient du deuxième étage. Oui celui là même dont on revient et pour lequel le verdict fut : RAS ! Je rejoins discrètement mes collègues. Les animaux ne semblent pas avoir repéré ma présence. Sur mes ordres on remonte au deuxième étage… Toujours pas de lumière… Pas de bruits… Je deviens folle !

Et c’est là ! Au moment où j’allais basculer et commencer à douter de moi que l’on découvre… sous la porte du dortoir mâle… un léger filet de lumière ! Ni une ni deux, je saute sur la poignée du dortoir, je l’ouvre en grand, frappe à la porte de notre collègue masculin, m’introduit dans sa chambre, le découvre en serviette de bain et lui somme de bien faire son boulot correctement :

« Dit Jo ! Ça fait juste un quart d’heure qu’on cherche où on a oublié d’éteindre la lumière avec les filles… Devine quoi ? C’est dans ton couloir ! Alors t’es mimi avec tes petits canards sur ta serviette, mais il serait peut-être temps que tu l’éteignes. Sans compter que tu as une chambre d’allumer. Tes animaux papotent tranquillou. Alors merde si on ne peut plus sortir illégalement fumer la clope à 22h30 parce que t’es pas fichu de tenir ton parc en place, ça va pas le faire longtemps ! »

J’ai bien entendu claqué la porte derrière moi histoire de ponctuer tout ça ! Mission accomplie ! Lumière localisée. Nuisance sonore animalière localisée. Philip et Morris localisés. Je redescends avec ma collègue finir de remonter le taux de nicotine qui avait à nouveau dangereusement chuté.

« Rha Lilly… Je suis jalouse ! Tu as vu Jo à la sortie de sa douche ! Encore plus sexy qu’habillé ? »

Dans l’empressement, je savais que j’avais oublié quelque chose…

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